Qualifié de « dentiste le plus excentrique », son éthique a été remise en question à plusieurs reprises.
M.G. McClinton & Company
Brochure
Painless Parker Outlaw His Confessions
[1926]
15,8 x 8.,2 cm
Fonds Peter Pronych
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Edgar Randolf Parker est né en 1872 à Tynemouth Creek, au Nouveau-Brunswick. Son enfance laisse présager l’évolution de sa vie, car on décèle vite en lui un vendeur-né. À 7 ans, il vend la cour de récréation de l’école à un camarade de classe pour 20 ¢. À 9 ans, Edgar fait du troc avec un voisin pour obtenir une poule, des œufs et un poulailler dans l’intention de lancer un élevage de poulets. Il se tourne ensuite vers la récolte d’algues rouges (dulse) dans l’intention d’utiliser les profits pour ouvrir un magasin sur la plage devant la maison familiale.
En 1884, la famille déménage à St. Martins et Edgar est inscrit à l’école secondaire. Deux ans plus tard, il est admis au collège Acadia, en Nouvelle-Écosse, où il amorce une carrière théologique sur les conseils de ses parents baptistes. Edgar s’en sort mal; on le qualifie de rebelle et d’espiègle, puis il feint la maladie et est renvoyé chez lui. Sur ces entrefaites, la famille s’apprête à déménager à Saint John. Edgar se retrouve à la Leinster Street School. On le surnomme « hookey » tellement il sèche souvent ses cours. Finalement, il part s’installer à Moncton et se trouve un emploi dans la vente d’articles de mercerie; il connaît un grand succès. Or, son père n’aimant pas l’idée que son fils soit « colporteur », il vend la charrette et le cheval qu’Edgar avait acquis. Selon lui, le travail d’Edgar était très flamboyant et non professionnel. Après réflexion, le fils quitte la maison et s’engage sur un des navires de son oncle à destination de la Barbade. Par la suite, il restera en mer jusqu’à ce qu’il soit blessé et se retrouve à l’hôpital à Buenos Aires pour trois fractures de la colonne vertébrale et la dengue. En 1889, il rentre chez lui et passe tout l’été à l’hôpital. Ce séjour est déterminant pour son avenir; les médecins l’ont impressionné et il envisage de faire carrière dans ce domaine. Mais voilà que sa mère était devenue une adepte de la Science chrétienne et ne croit pas en la médecine. À cette époque, il est déterminé (grâce à la phrénologie) qu’Edgar serait apte à devenir dentiste. L’idée lui plaît d’éviter aux gens le genre de douleur que sa mère a endurée pendant un certain temps à cause d’une dent de sagesse incluse.
Éphémère
Carte publicitaire Painless Parker avec photos de 1950 et 1892 de Painless Parker (Edgar Rudolph Randolph Parker)
[1950]
8,5 x 13,9 cm
Fonds Peter Pronych
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En 1889, maintenant âgé de 17 ans, Edgar Parker s’inscrit au collège de médecine dentaire de l’Université de New York. Pour subvenir à ses besoins, il fait du porte-à-porte en vue d’ouvrir un cabinet avant d’obtenir son diplôme, ce qui va à l’encontre des politiques du collège. Il s’ensuit donc l’expulsion qui le ramène au Nouveau-Brunswick. Le voilà maintenant dentiste itinérant dans les zones rurales de la province. Plus tard en 1889, il fréquente un autre collège de médecine dentaire, celui de Philadelphie, et y obtient son diplôme en 1892 à l’âge de 20 ans.
Edgar Parker établit d’abord son cabinet dans un salon de coiffure de St. Martins, mais le faible achalandage ne lui convient pas. Ayant la certitude qu’il fallait montrer aux gens l’importance de la santé dentaire, il mise sur ses compétences dentaires, son sens de la vente et la psychologie des clients pour louer un chariot et un cornet aux couleurs vives et sillonne les rues. Se portant à la défense des patients, il mène une croisade au sein même de sa profession, car il est convaincu que ces gens doivent être informés. Il se rend à Hampton (N.-B.) et emprunte un chariot à l’hôtel Leonard pour donner des exposés qu’il a préparés. Il insiste sur l’aspect « indolore » de sa dentisterie, en utilisant une découverte récente en analgésie (hydrocaïne) et déclare qu’il donnera 5 $ à ses patients s’il leur cause de la douleur. Les gens racontent alors qu’il souffle si fort dans son cornet, qu’aucun cri de douleur ne peut être entendu. Après un séjour de deux semaines seulement, il quitte Hampton en direction ouest pour ensuite se rendre à divers endroits aux États-Unis et même à Victoria, en Colombie-Britannique.
Dépliant grand format
Grand concert gratuit en plein air, tous les jours à 15 h et à 19 h – musique vocale et instrumentale. Extraction de dents gratuite, sans douleur (Painless Parker)[189-]
18 x 13,1 cm
Collection de documents éphémères F36-19
PrintedEph-F36-19
En 1894, il revient à Saint John et rassemble une troupe de praticiens qui parcourt le Nouveau-Brunswick et le Maine avec sa dentisterie de rue. Les autorités commencent à s’interroger sur ses méthodes et techniques peu orthodoxes. En 1896, Edgar Parker arrive à Brooklyn où ses parents se sont installés et prend pour épouse Frances Wolfe, qu’il avait déjà rencontrée. Le couple revient au Nouveau-Brunswick. Edgar ouvre un bureau à Moncton, mais, après quelques démêlés avec la loi et un bref séjour à l’Île-du-Prince-Édouard, le couple part pour la Californie. Peu avant la naissance d’un premier enfant, il retourne à Brooklyn. Là, Edgar ouvre encore un bureau et rencontre William Beebe, qui roule sa bosse dans le cirque depuis 45 ans et qui convainc Edgar qu’il peut combiner deux arts : la dentisterie et le spectacle. Parker finira par engager Beebe pour être son gérant. Celui-ci lui conseillera d’adopter l’appellation Painless Parker et de créer d’énormes panneaux publicitaires pour sa dentisterie. Beebe accompagne le dentiste dans son chariot et joue d’un instrument de musique pour attirer les gens.
Éphémère
Carte publicitaire Painless Parker avec photo et confirmation du changement officiel de nom (Painless Parker) en 1915
[1950]
8,5 x 13,9 cm
Fonds Peter Pronych
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En 1902, après la mort de Beebe, Edgar Parker s’installe à Los Angeles et poursuit ses « spectacles de rue », combinant la dentisterie et le divertissement et allant même jusqu’à acheter un cirque et faire draper des publicités sur un éléphant. Nombreux sont ceux qui y voient une parodie de la profession de dentiste. En 1915, il change officiellement son nom pour Painless Parker, car il est illégal d’exercer la profession en Californie sous un nom autre que celui pour lequel on a obtenu son permis.
Périodique
Occlusion Vol. 1, No1
Janvier 1924
19,8 x 13,6 cm
Collection Peter Pronych
Pronych-3
Dans les années 1920 et 1930, Parker saisira toutes les occasions pour faire connaître sa dentisterie. De 1923 à 1932, il étend sa pratique de la dentisterie au Colorado et a encore des problèmes de permis.
Volume relié
Livre de caisse de la Société dentaire du Nouveau-Brunswick
1890-1934
32,9 x 15,4 cm
Fonds F15 de la Société dentaire du Nouveau-Brunswick
NBDentalSoc-F15(4)
À sa mort, en 1952, il compte 26 bureaux en location et a influencé (pour le meilleur ou pour le pire) l’élaboration de divers codes de déontologie, de lois sur la pratique dentaire et de pratiques publicitaires en dentisterie.
Sur le plan personnel, il a vécu la perte d’une de ses filles dans un accident de voiture et a eu une relation très tendue avec son fils, Ned, qui est également devenu dentiste. Ned était très discret et ne suivait pas le modèle de son père dans sa profession.
Pour qui veut en savoir plus sur cette histoire vraiment fascinante d’un natif du Nouveau-Brunswick, il existe deux biographies de Painless Parker :
The early adventures of Painless Parker, coécrit par le Dr Peter Pronych, professeur retraité de dentisterie à l’Université Dalhousie d’Halifax, qui a effectué des recherches approfondies sur Painless Parker, et Painless Parker: a dental renegade’s fight to make advertising “ethical”, par Arden G. Christen et Peter M. Pronych.