La recherche peut être salissante

6StudentsVolunteersDes chercheurs du Musée du Nouveau-Brunswick et d’autres organismes procèdent à la nécropsie d’une baleine près de Liverpool en Nouvelle-Écosse.

Parfois la recherche scientifique peut être un peu salissante. À tout le moins lorsque vous faites l’autopsie animale, appelée nécropsie, du plus grand mammifère de la planète.

C’est ce qu’ont constaté Mary Sollows, technicienne en conservation en zoologie au Musée du Nouveau-Brunswick, et Madelaine Empey, une étudiante assistante en zoologie, lorsqu’elles ont rejoint une équipe de chercheurs de la Marine Animal Rescue Society (MARS), de l’Université Dalhousie, du Collège vétérinaire de l’Atlantique et du ministère des Pêches et des Océans, en vue d’étudier un jeune rorqual bleu femelle qui avait été trouvé flottant, mort, dans l’océan près de Liverpool, en Nouvelle-Écosse.

Le rorqual bleu, qui peut mesurer jusqu’à 34 mètres et peser jusqu’à 150 tonnes, est une espèce en voie de disparition. Il ne reste que 600 à 1500 rorquals bleus dans l’Atlantique Nord.

Menacés par la pollution, le changement climatique, l’appauvrissement des ressources alimentaires et les heurts avec les navires, les rorquals bleus ont peu de chances de survivre. C’est pourquoi il était si important pour les chercheurs d’examiner le corps du rorqual bleu afin de déterminer la cause de sa mort et de prélever des échantillons dont ceux destinés à la collection de recherche sur les mammifères marins du Musée du Nouveau-Brunswick, une des plus considérables du Canada.

7Carcass2ndDayLa carcasse du rorqual bleu au deuxième jour de la nécropsie.

Dans le vif du sujet

Le corps du rorqual bleu avait été halé sur le rivage quand la nécropsie a commencé. Si vous vous imaginez que les autopsies ressemblent à ce qu’on voit dans la série télévisée CSI, détrompez-vous, c’est le jour et la nuit.

Pour disséquer un animal aussi énorme il faut une excavatrice, des camions à benne basculante et des câbles industriels. Et pour commencer, il faut d’abord « dépecer » le rorqual, un procédé qui consiste à peler le petit lard à l’aide de câbles à haute résistance à la traction. Pensez à l’épluchage d’une banane. (Nous sommes désolés de vous imposer cette image!)

Day 3 of blue whale necropsy…getting close to being finished and still going strong!

Posted by Marine Animal Response Society on Sunday, May 14, 2017

Mention de source : Marine Animal Response Society – La société responsable du sauvetage d’animaux marins

On a trouvé un gros caillot de sang dans les vertèbres thoraciques, un indice possible de la cause de la mort. Une théorie est que le rorqual a été piégé sous la glace et s’était noyé. Néanmoins, il faudra peut-être des mois avant de pouvoir se prononcer et, vu l’état de décomposition avancée, on n’aura peut-être jamais de réponse définitive.

Mary Sollows, du Musée du Nouveau-Brunswick, était littéralement, en plein dedans. Son mari, Ken Sollows, l’avait rejointe (apparemment extrêmement solidaire). Les deux se sont concentrés sur la récupération des plateaux de fanons qui se trouvent dans la bouche de toutes les baleines qui n’ont pas de dents. Les fanons sont faits de kératine (le même matériau dont sont faits les cheveux et les ongles humains) et les rorquals bleus ont des centaines de plateaux dans la mâchoire supérieure agissant comme une sorte de filtre, séparant la nourriture de l’eau.

Pendant ce temps, Madelaine aidait à enlever le tissu fibreux et dur qui entoure les os de la colonne vertébrale qui se prolonge jusque dans la queue. Elle a ensuite travaillé avec d’autres personnes pour séparer les différents éléments de la colonne vertébrale.

91Maddie BaleenMadelaine Empey, du Musée du Nouveau-Brunswick, recueillant des échantillons de fanons.

Recherche vitale

C’était un travail difficile, salissant et nauséabond, mais Mary et Madelaine ont prélevé d’importants échantillons de petit lard, de muscle, de fanons et d’os. Bien que le Musée du Nouveau-Brunswick possède une vaste collection de matériaux de baleine, ce sont ses premiers échantillons provenant d’un rorqual bleu.

93MaryTissueSamplesMary Sollows, tenant des Cryovials de tissus congelés de rorqual bleu, pose devant la collection de tissus congelés du Musée du Nouveau-Brunswick. Ce congélateur spécial peut contenir jusqu’à 300 000 échantillons à -80o C.

Ces genres d’échantillons sont vitaux pour la recherche. Les échantillons de fanons d’autres baleines ont, par exemple, servi à étudier le vieillissement, la quantité de polluants, l’écologie alimentaire, les déplacements et plus encore.

De retour au Centre des collections et de la recherche du Musée du Nouveau-Brunswick, Madelaine et Mary ont consacré une journée à nettoyer et préparer les échantillons réunis pour la collection de recherche. Pendant qu’ils sèchent à l’air libre, on vérifiera la présence de moisissure et d’insectes sur les fanons et, une fois secs, ils subiront un cycle de gel/dégel/regel pour s’assurer que tous les insectes nuisibles sont morts.

Les échantillons de petit lard et de muscle de rorqual bleu sont une denrée rare pour les chercheurs. C’est pourquoi les échantillons recueillis seront archivés dans la collection de tissus congelés du Musée à des fins des recherches futures.

La perte d’un jeune rorqual bleu, espèce en voie de disparition, fend le cœur, mais, les chercheurs du Musée du Nouveau-Brunswick et d’autres organismes ont saisi cette occasion d’en apprendre davantage sur la vie de cette créature admirable pour aider les scientifiques à mieux comprendre et protéger cette espèce.

Cela fait partie de la recherche permanente du Musée dans notre environnement naturel.

D’après les informations fournies par Madelaine Empey, Mary Sollows et Dr Donald McAlpine 

Lire le rapport de recherche https://museedunouveaubrunswick.wordpress.com/2017/06/22/le-musee-du-nouveau-brunswick-participe-a-la-necropsie-dun-rorqual-bleu