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Découverte : Un requin pas comme les autres

Un rare fossile vieux de 400 millions d’années, découvert au Nouveau-Brunswick, offre de nouveaux indices sur l’évolution précoce des requins — et fait des vagues dans le monde scientifique.

Rencontrez Doliodus : le fossile de requin qui change tout ce qu’on croyait savoir

Imaginez la Terre il y a environ 400 millions d’années — bien avant les dinosaures, les humains, ou même les oiseaux. Cette époque s’appelle la période dévonienne, que les scientifiques surnomment souvent l’âge des poissons. C’était une ère de grands bouleversements, marquée par l’apparition des premières forêts et par certains poissons qui ont commencé à ramper hors de l’eau pour devenir les tout premiers amphibiens !

À cette époque, le Nouveau-Brunswick se trouvait près de l’équateur, dans une région beaucoup plus chaude du globe. D’immenses morceaux de terre (les continents) entraient en collision pour former un supercontinent appelé la Pangée. Ces puissants chocs ont créé de grandes chaînes de montagnes — dont celles que nous appelons aujourd’hui les Appalaches. Au Nouveau-Brunswick, ils ont façonné certains de nos paysages les plus emblématiques, comme le mont Carleton et la montagne Sugarloaf.

Les plantes ont commencé à pousser le long des rivières et des côtes, formant certaines des premières forêts du monde. Aujourd’hui encore, on peut trouver de remarquables fossiles de plantes de cette époque près de Dalhousie et de Campbellton, le long des rives rocheuses de la baie des Chaleurs. Ces forêts anciennes abritaient aussi les tout premiers insectes, comme les plus vieux mille-pattes connus au monde !

Et dans l’eau ? C’est là que les choses deviennent vraiment intéressantes.

De curieux poissons anciens nageaient dans les eaux chaudes et peu profondes — certains avec des têtes osseuses, d’autres avec des nageoires épineuses, et certains qui ressemblaient un peu à des requins. En fait, c’est au Nouveau-Brunswick qu’a été faite l’une des découvertes de requins anciens les plus fascinantes.

En 1997, des scientifiques du Musée du Nouveau-Brunswick, dont le Dr Randy Miller, ont trouvé un fossile presque complet d’un ancien requin appelé Doliodus problematicus. C’est un événement majeur, car la plupart des requins anciens sont seulement connus par leurs dents et leurs épines — leurs corps mous se décomposent habituellement avant de pouvoir se fossiliser.

Mais Doliodus était différent. Son corps en trois dimensions était presque entier, ce qui signifie qu’il a dû être enseveli rapidement dans un endroit calme, comme un lagon tranquille. Cela a permis même à ses parties molles de se transformer en pierre !

Doliodus avait des dents pointues et un corps semblable à celui des requins modernes, mais aussi des nageoires épineuses comme un type de poisson plus ancien. Ce mélange rare a permis aux scientifiques d’en apprendre beaucoup sur l’évolution des poissons et des requins modernes. Le fossile a même voyagé à travers le monde — au Texas, en France, et dans un laboratoire de numérisation spécial à Grenoble, en France, où les scientifiques ont réalisé des images 3D ultra détaillées de son intérieur !

Aujourd’hui encore, des chercheurs du monde entier étudient Doliodus pour mieux comprendre comment les premiers poissons ont donné naissance aux requins et aux créatures marines que nous connaissons aujourd’hu

Image 1: Croquis interprétatif du fossile de Doliodus (NBMG 10127); Publié dans la revue Nature. Miller, R.F., Cloutier, R. and Turner, S., 2003. The oldest articulated chondrichthyan from the Early Devonian period. Nature, 425(6957), pp.501-504.
Image 2: Artistic reconstruction of Doliodus; courtesy Dr. Randy Miller
Image 3: Photographie rehaussée en couleur de Doliodus (NBMG 10127); Photographie gracieusement fournie par Dr Tetsuto Miyashita (Musée canadien de la nature)
Image 4: Tomodensitométrie en rendu tridimensionnel du crâne de Doliodus (NBMG 10127)
Image 5: Reconstitution artistique de Doliodus, œuvre originale de Christopher Hoyt