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Projets

Par-delà l’océan : Comment un couvre-lit écossais a trouvé un foyer au Nouveau-Brunswick

En 1961, un couvre-lit à la facture inusitée est arrivé au Musée du Nouveau-Brunswick.
Article original écrit par Peter Larocque, conservateur
Art et histoire culturelle du Nouveau-Brunswick, Musée du Nouveau-Brunswick

Ce qui paraissait au départ n’être qu’un banal couvre-plancher s’est éventuellement révélé être un trésor culturel de grande rareté, qui a traversé l’océan et les générations et qui lie, par des techniques presque perdues dans la nuit des temps, le savoir-faire artisanal écossais et l’histoire des immigrants au Nouveau-Brunswick.

L’histoire fascinante d’une courtepointe brodée, unique en son genre, qui se trouve dans la collection du Musée du Nouveau-Brunswick, s’étend sur deux continents. Définie d’abord comme couvre-plancher lors de son don par Margaret Keay et Janet Keay en 1961, sa fonction réelle de couvre-lit a été expliquée au début des années 1970, quand il a fait partie d’une exposition de couvre-lits américains au musée Wadsworth Athaneum de Hartford, au Connecticut. Postes Canada l’a aussi mis en vedette sur un de ses timbres en 1993.

Mme Carol Christiansen, PhD, conservatrice et responsable des musées communautaires du Shetland Museum and Archives, met en vedette, dans son dernier livre, Taatit Rugs: the Pile Bedcovers of Shetland (publié en 2015 par Shetland Amenity Trust – ISBN 978-0-9932740-4-6), cet artéfact inusité du Musée du Nouveau-Brunswick. La méthode de fabrication inusitée du couvre-lit – une broderie à double boucle à fil de poil court plutôt que la technique au crochet plus commune – en fait un survivant unique dans la collection de literie bien dotée du Musée du Nouveau-Brunswick.

La recherche de Mme Christiansen portant sur les « jetés de lit lourds tissés en laine auxquels des fils (taats) ont été appliqués » l’a menée à ce splendide exemple ancien. Son intérêt pour le sujet a grandement approfondi notre appréciation des complexités historiques incarnées par certains objets patrimoniaux, nous donnant un aperçu révélateur de l’immigration d’origine écossaise dans la province.

Lors du don du couvre-lit au Musée du Nouveau-Brunswick, il était réputé avoir servi à une famille Hutchison de la région de Miramichi, au Nouveau-Brunswick. Des recherches plus poussées ont révélé que la grand-tante des donatrices était une certaine Elizabeth Stuart (Stewart) Mackie (v. 1817-1867), qui avait épousé Richard Hutchison (1812-1891) de Douglastown, au Nouveau-Brunswick, le 20 mars 1843. Richard Hutchison était né à Glasgow, en Écosse, et avait immigré au Nouveau-Brunswick en 1826. Elizabeth Stuart Mackie serait née à Aberdeen, en Écosse, fille d’Alexander Mackie (v. 1781-1858), natif de Leith, qui avait vécu à Aberdeen, et de sa femme, Elizabeth Stuart (Stewart) (v. 1782-1854). D’après le recensement de 1851, ils avaient immigré au Nouveau-Brunswick en 1832.

Bien que ces faits ne fournissent aucune certitude, ils renforcent certainement la probabilité que notre couvre-lit vienne d’Écosse, tout en permettant au Musée du Nouveau-Brunswick d’augmenter grandement sa capacité de représenter des aspects du transfert culturel dans la province au milieu du XIXe siècle et d’en discuter.

Provenance

Utilisé par la famille Hutchison de Douglastown, au Nouveau-Brunswick
Descendance probable :

  • Richard Hutchison (1812-1891) et Elizabeth Stuart Mackie Hutchison (v. 1817-1867);
  • à sa sœur, Alexina Stuart Mackie Keay (1831-1909) et à son mari, le révérend Peter Keay (1826-1873);
  • à son fils, Richard Hutchison Keay (1864-1944) et à sa femme, Ada Margaret Fraser Keay (1871-1957);
  • à leurs filles, Alexina Margaret Keay (1904-1987) et Janet Elder Keay (1913-2000)]; Don de Margaret Keay et Janet Keay, 1961 (1961.42). Collection du Musée du Nouveau-Brunswick
Image 1: Counterpane (taatit rug or bed rugg), maker unknown (probably Scottish), 1800-1850 - Full view showing the entire embroidered wool counterpane on tabby weave wool, 221 x 157.5 cm
Image 1 : Courtepointe (tapis taatit ou couvre-lit rugg), fabricant inconnu (probablement écossais), 1800-1850 - Vue complète montrant la courtepointe de laine brodée entière sur armure toile de laine, 221 x 157,5 cm
Image 3 : Détail macro de la structure textile - Montrant le poil court et le tissu de fond en armure toile de laine qui distingue cette pièce des tapis crochetés nord-américains plus communs