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Blogue - Histoires

Chauvons les chiroptères : La préparation de spécimens de chauves-souris antérieurs au syndrome du museau blanc

October 25, 2015
Uncovering the Past to Save the Future: Preparing Pre-White-nose Syndrome Bat Specimens

Dans les tréfonds de la collection du Musée du Nouveau-Brunswick (MNB), une équipe dévouée de stagiaires d’été est engagée dans une course contre la montre pour déchiffrer les secrets d’une maladie dévastatrice qui décime les populations de chauves-souris dans l’est du Canada.

Le syndrome du museau blanc, une infection fongique qui se développe à basse température, a été découvert en Ontario et au Québec en 2009. Depuis, il s’est propagé avec une telle rapidité qu’il a atteint les Maritimes dès 2011, ne semant derrière lui que la mort et la destruction. Rien qu’au Nouveau-Brunswick, la population des colonies de chauves-souris, autrefois foisonnantes, que surveillent le zoologue du MNB Donald McAlpine, Ph.D., et son associée de recherche Karen Vanderwolf, a chuté d’environ 7 000 individus à une piètre vingtaine.

Mais une lueur d’espoir perce au milieu de ce désastre écologique. Au fond des congélateurs du MNB repose une collection unique d’environ 7 000 spécimens de chauves-souris – des petites brunes, des oreillards roux et des sérotines brunes. Provenant de l’Ontario, du Québec et des provinces Maritimes, tous ces spécimens sont arrivés au Musée entre 1996 et le début des années 2000, bien avant que le syndrome du museau blanc ne se soit pointé à l’horizon. Les corps de ces chauves-souris, qui avaient été soumises par des membres du public pour des tests de dépistage de la rage, ont été congelés cryogéniquement, leurs tissus figés dans le temps, en attendant que la science vienne percer leurs secrets.

Cet été, les stagiaires en zoologie du MNB Maddie Empey, Alyson Hassons et Neil Hughes ont entrepris la tâche critique de préparer et cataloguer ces indispensables spécimens. Sous la houlette de M. McAlpine, les stagiaires examinent en détail chaque chauve-souris : après avoir effectué des mesures, ils dépouillent l’animal et en prélèvent des échantillons. Tous les détails, même les plus infimes, sont documentés. Les données ainsi collectionnées serviront à comparer les variations génétiques des chauves-souris de l’Est canadien avant et après l’apparition du SMB, et donc à fournir des indications précieuses sur la propagation de la maladie et ses possibles vulnérabilités.

« Cet échantillonnage est unique en ce sens qu’il constitue probablement la plus grande collection des espèces de chauve-souris les plus touchées par le SMB juste avant que cette infection fongique survienne, » explique M. McAlpine. « Une fois inscrits dans les archives du MNB, ces échantillons seront une source de données intéressantes pour la recherche pendant de nombreuses années. » En examinant ces chauves-souris d’avant l’apparition du SMB, les scientifiques réussiront peut-être à cerner les facteurs génétiques qui ont rendu certains individus plus résistants à cette maladie. De telles informations pourraient influencer les efforts de préservation et aider à sauver d’autres populations de chauves-souris.

Pour les stagiaires, ce projet représente plus qu’un exercice de recherche – c’est une occasion de contribuer à un projet d’une telle portée. Les yeux de Maddie Empey s’illuminent d’enthousiasme alors qu’elle manipule avec soin le crâne délicat d’une chauve-souris : « C’est vraiment satisfaisant de savoir que l’on contribue à des recherches si importantes. »

Les stagiaires travaillent avec un sens aigu des enjeux. Le SMB a déjà eu un effet dévastateur sur l’agriculture et la foresterie en décimant les chauves-souris qui consommaient les ravageurs nuisibles aux arbres et aux moissons. Toutefois, en étudiant ces chauves-souris d’avant l’apparition du SMB, ils réussiront peut-être à changer le dénouement de ce désastre environnemental – écrivant une nouvelle fin où la science, la conservation et la détermination s’unissent pour sauvegarder un élément essentiel de notre héritage naturel.

Image 1 : Maddie Empey, étudiante d'été au MNB, tient des échantillons de chauves-souris dépouillées.
Image 2 : Étudiante mesurant une chauve-souris
Image 3 : Les étudiants séparent la peau de chauve-souris du corps
Image 4 : La peau de chauve-souris est étalée pour sécher
Image 5 : Échantillons de tissus — petits morceaux de muscle — sont prélevés de chaque carcasse de chauve-souris, placés dans l'éthanol à 98 % pour être conservés dans un congélateur
Image 6 : Brian Cougle, préparateur au MNB, avec la colonie de dermestes
Image 7 : Brian Cougle, préparateur au MNB, tenant des larves de dermestes