« Les agents de détérioration » avec Dee Stubbs-Lee, restauratrice du MNB

Introduction

Les effets de certains des agents de détérioration que nous allons explorer dans cette série.

Vous êtes-vous déjà demandé ce qui fait que les objets se désagrègent ou se détériorent avec le temps? Que ce soit dans un musée ou à la maison, les causes sont similaires. Chaque jour, dans les musées du monde entier, les conservateurs combinent l’art et la science pour préserver les collections des nombreux facteurs possibles de détérioration ou de perte. Les conservateurs appellent ces facteurs des « agents de détérioration ». Dee Stubbs-Lee, restauratrice au MNB, va nous faire découvrir un peu plus ces agents de détérioration.

Tout objet commence à se détériorer dès sa fabrication. Certains de ces processus de détérioration se produisent rapidement et de manière spectaculaire, d’autres sont beaucoup plus subtils et peuvent prendre des années avant de devenir visibles. L’état de l’objet dépend, d’une part, des matériaux dont il est fait, et d’autre part de tout ce qu’il a subi au fil du temps. Un objet peut entrer dans la collection d’un musée à n’importe quel moment de ce processus de détérioration. Dans la démarche d’acquisition d’un objet, on prend en compte, bien sûr, son état, mais surtout les éléments connus à propos de cet objet et ce qu’il peut nous apprendre. Parfois, les objets, même en très mauvais état visible, peuvent révéler de nombreuses données utiles pour la recherche. Tous les objets que cette série mettra en lumière présentent des problèmes d’état visible. Ils ont été soigneusement choisis pour illustrer ce que fera chacun des agents de détérioration, en fonction du temps et des possibilités.

Forces physiques directes

« MNB 2007.16.1. Fauteuil roulant, Canadien, 1900-1925. L’assise en osier tressé s’est détériorée sous une pression exercée du haut vers le bas. Cet artéfact a reçu un traitement de conservation approfondi pour réparer les détériorations subies dans le passé, en vue de l’exposition Le legs de la victoire : Le Nouveau-Brunswick dans la foulée de la Première Guerre mondiale, qui s’est tenue au MNB en 2018-2019. À gauche, avant le traitement; à droite, après le traitement. »

« MNB 1966.88.1. Fauteuil à bascule, Nouveau-Brunswick, vers 1850. Le piètement et les culbuteurs sont usagés. Dans un contexte muséal, une tentative de réparation n’est pas indiquée, car ici, les preuves d’utilisation antérieure sont évidentes. »

« MNB A66.4 F. Cadre en dorure, vers 1870. La dorure, ou feuille d’or, est complètement partie des surfaces horizontales à cause de l’usure. C’est un phénomène courant sur les anciens cadres en dorure qui résulte souvent d’un dépoussiérage trop agressif. Les zones sombres que l’on voit ne sont pas de la saleté, mais le bois qui est exposé (la couche de base est partie) : la feuille d’or a complètement disparu. »

« MNB A65.23. Plat en faïence, Anglais, vers 1780. Ce plat en céramique fissuré a été réparé avec une agrafe métallique. C’était la méthode utilisée à l’époque pour réparer les pièces en céramique qui avaient de la valeur, avant l’apparition de colles efficaces. En soi, l’ancienne réparation revêt un intérêt en matière de conservation, car elle reflète l’histoire de cet artéfact. D’ailleurs, il ne nous viendrait pas à l’idée de l’enlever. »

Les forces physiques directes peuvent avoir des effets rapides et spectaculaires, par ex. quand on échappe une assiette et qu’elle se brise en mille morceaux par terre. Elles peuvent aussi être lentes, par ex. dans le cas d’un objet qui se déforme sous l’effet de la gravité au fil du temps. Mais elles interviennent également dans l’usure normale d’un objet utilisé tous les jours. Les informations recueillies nous renseignent sur l’historique d’utilisation et peuvent même nous aider à comprendre l’histoire de l’objet en question. Le conservateur doit donc s’assurer de trouver l’équilibre entre la préservation de l’objet et la conservation des preuves de son utilisation et de son évolution.

Vol, vandalisme, perte involontaire

« MNB X16623.1-2. Deux figures sculptées attribuées à John Rogerson, v. 1860. La figure de gauche a été peinte à un moment de son histoire. Le « vandalisme » ne procède pas nécessairement d’une intention malveillante. Aujourd’hui, les restaurateurs de musées considèrent les repeints comme des interventions inappropriées.

« MNB 21942. Assiette en porcelaine, fin du XVIIIe siècle, Chinoise. Un numéro d’acquisition unique est apposé soigneusement et discrètement sur chaque artéfact et spécimen de la collection. Et ici, le discernez-vous à l’arrière de l’objet? »

Le vol et le vandalisme sont des infractions pénales et des sources de préoccupation pour toutes les collections. Et les tentatives faites par des personnes bien intentionnées – mais mal informées ou non expertes – d’améliorer ou de réparer un objet ou une œuvre d’art sont presque aussi problématiques. En termes de conservation, le résultat équivaut pour ainsi dire à un acte de vandalisme. Mais la « perte involontaire », qu’est-ce que c’est? Les collections des musées peuvent compter des centaines de milliers, voire des millions d’objets. Le personnel de musée doit savoir en permanence où chacun de ces objets se trouve, car autrement, il y a un risque de « perte involontaire ». Et justement, à cause de locaux inadaptés, il a fallu déménager les collections du MNB très souvent au fil des années… ce qui a occasionné de nombreuses « pertes involontaires ». Afin de limiter le temps et l’énergie nécessaires pour remédier à ces problèmes, les normes modernes de gestion des collections rendent obligatoire l’assignation d’un numéro de traçage (ou numéro d’acquisition) pour chaque objet muséal. Vous aurez peut-être remarqué la présence de numéros d’acquisition inscrits en très petits caractères sur un objet que vous avez vu dans une exposition. Ce numéro permet un traçage rigoureux de chaque objet de la collection dans une bases de données constamment mise à jour (emplacement physique actuel de chaque objet) afin de remédier au problème de perte involontaire.

Incendies

« MNB 22705. Assiette à dessert en porcelaine, probablement anglaise, datant d’avant le 20 juin 1877. Cette assiette a été noircie par la chaleur extrême et par la suie lors du grand incendie de Saint John de 1877. Retrouvée dans un tonneau parmi les décombres d’une maison de Queen Square. Dans ce cas particulier, ce sont les dommages subis par l’artéfact qui lui donne une importance majeure en matière de conservation, car associés à un événement historique. »

Le feu peut infliger des pertes catastrophiques. Un incendie peut d’ailleurs survenir dans les musées et c’est sans doute ce qui peut arriver de pire pour des collections ou des sites historiques. En 2018, le monde entier a vu avec horreur les flammes ravager le Musée national de Rio de Janeiro (Brésil) et Notre-Dame de Paris, en 2019. Et d’autres sites moins connus subissent régulièrement le même sort aux quatre coins de la planète. Le feu détruit la plupart des matériaux avec lesquels il vient en contact direct et occasionne des dommages très importants (mais parfois réparables) à cause des dépôts de suie et de cendres, de la chaleur, de l’eau et des produits chimiques utilisés par les pompiers.

L’eau

« MNB 2003.16.86. Courtepointe en neuf pièces de soie assemblées, fabriquée à Rexton (Nouveau-Brunswick), v. 1850. À un moment donné de son histoire, cette courtepointe a pris l’humidité et le tissu a déteint. »

« MNB 14598. Malle en érable peint, v. 1800. Aurait appartenu à Gabriel George Ludlow (1736-1808), le premier maire de Saint John. La partie supérieure de cette malle a dû être exposée à l’humidité pendant longtemps, en témoignent les efflorescences et les détériorations sur le fini. Il y avait sans doute une plante d’intérieur à proximité de l’objet pendant de nombreuses années. »

« Canapé, v. 1840. À un moment donné de son histoire, ce canapé a été exposé à une grande quantité d’eau, qui a taché et détérioré le tissu de rembourrage, et donné lieu à des dommages importants. La ligne sombre en périphérie de la tache sur la garniture indique l’endroit où l’humidité a arrêté de se propager. Les crasses dissoutes dans l’eau se sont déposées entre la partie humide et la partie sèche du tissu et ont laissé une ligne de démarcation en séchant. À partir de là, l’humidité a commencé à s’estomper. Les conservateurs utilisent le terme ‘’cernes’’ pour désigner ces dépôts de crasses. »

Après les incendies, les inondations, qui peuvent être causées par des phénomènes météorologiques naturels (crues, pluies torrentielles, etc.) ou accidentels (incidents de plomberie, par exemple) sont de loin l’événement le plus destructeur pour les collections. Dans un musée, même quelque chose d’apparemment aussi bénin qu’une canalisation qui fuit au goutte-à-goutte peut mettre une collection en péril si la fuite n’est pas détectée et réparée à temps. Des installations de stockage adaptées et sécurisées, et un contrôle visuel permanent permettent une prévention efficace.

Nuisibles

« MNB 1962.93. Fauteuil, Canadien, 1790-1820. La partie inférieure de la patte du fauteuil a subi des dégâts causés par des insectes : on voit les trous pratiqués par les larves de coléoptères xylophages. Vue agrandie de la patte du fauteuil à gauche, vue d’ensemble du fauteuil à droite. »

« MNB 2003.16.83. Courtepointe à pointes folles, assemblée, en soie brodée et coton, comté d’York, Nouveau-Brunswick, 1900-1925. La pièce rose a très vraisemblablement été endommagée par des insectes venus se nourrir, comme en témoignent les bords irréguliers du tissu restant. Cette courtepointe sera également prise comme exemple dans d’autres articles pour illustrer les autres agents de détérioration. Dans son ensemble, cette courtepointe a la même histoire environnementale, mais différentes parties ont été attaquées différemment du fait de la composition chimique des matériaux. »

« MNB 2009.38.63. Boîte à documents recouverte de peau, v. 1820. Les poils tombent, sans doute parce que des insectes sont venus ronger la peau à la base des poils, ce qui a provoqué leur chute. »

« MNB 1959.89.5.2. Étui wolastoqiyik attribué à Mary Aquin, fabriqué avec de la peau d’hermine et de la laine, de la soie, du coton et des perles de verre, 1884-1888. Dégâts causés par des insectes : signes de rongement, trous et chute de poils. Vous remarquerez que les dégâts se concentrent dans une zone recouverte d’un repli perlé. Les larves d’insectes sont plus actives à l’abri de la lumière. Vue agrandie des dégâts ci-dessus, vue d’ensemble de l’étui ci-dessous. »

Les nuisibles (certains insectes et rongeurs) peuvent causer des dégâts considérables aux objets qui se trouvent dans les musées, surtout aux matières organiques (c.-à-d. d’origine végétale ou animale), comme le papier, le bois, les textiles en fibres naturelles, les vanneries, les fourrures et le cuir. Les musées doivent par conséquent être très attentifs à l’entretien de leurs locaux, limiter les lieux où sont consommés les aliments et les boissons, et inspecter régulièrement les installations d’entreposage des collections pour détecter et consigner tout signe d’infestation.

Contaminants

« MNB 1962.134. Chaise en acajou, Anglaise, 1780-1820. Les marques d’éclaboussures sur les pieds de la chaise proviennent probablement d’une serpillère utilisée pour nettoyer les sols. Des dépôts se sont formés sur le bois et, à la longue, une corrosion verte et des piqûres sont apparues sur le cuivre. Vue agrandie du pied de chaise à gauche, vue d’ensemble à droite. »

« MNB W319. Eau-forte sur papier vélin de Fort Beauséjour, Canadien, avant 1939. À un moment donné de son histoire, ce tableau s’est retrouvé en contact prolongé avec un carton de montage mat standard. La plupart du temps, les cartons de montage mats sont en pâte de bois, qui est naturellement acide. Avec le temps, les vapeurs acides se sont échappées du bord coupé du carton de montage et ont été absorbées par le papier du tableau; c’est ce qui a engendré cette tache brunâtre (brûlure acide) fort disgracieuse à la périphérie de l’image. Bien que plus onéreux, les cartons de montage constitués à 100 % de chiffons de coton sont à privilégier, car ils sont sans acide et ne provoque aucun dégât. »

Les contaminants sont toutes sortes de corps étrangers dont il faut éviter tout contact avec les artéfacts. Les sources de contaminants sont nombreuses : poussière, impuretés, particules de pollution de l’air, sébum (substance huileuse) présent sur les doigts, acides provenant d’emballages de mauvaise qualité ou matériaux d’encadrement et résidus de produits de nettoyage. Selon leur nature, les contaminants attaquent les matériaux de manière différente. Ils corrodent les objets en métal, peuvent retenir l’humidité sur une surface et, par ricochet, provoquer l’apparition de moisissure. Et même la poussière ordinaire peut attirer les ravageurs. Très souvent, les contaminants provoquent une détérioration lente et régulière sur de longues périodes.

Quand « l’ennemi » vient de l’intérieur

« Collection privée. Un couvercle de boîte à talc en nitrate de cellulose montrant des signes de détérioration à partir des bords saillants. Les premiers plastiques (comme le nitrate de cellulose, qui servait souvent à imiter des matériaux naturels onéreux, p. ex. l’ivoire et l’écaille de tortue) sont par nature instables et à terme, ils se détériorent tout seuls en raison de leur composition chimique. »

« MNB 2003.16.83. Courtepointe à pointes folles avec pièces de soie brodée et coton, comté de York, Nouveau-Brunswick, 1900-1925. Certaines couleurs à l’intérieur du tissu écossais à motifs se sont détériorées en raison d’une incompatibilité chimique entre les teintures ou les mordants et les fibres du textile. Vous remarquerez que l’aspect visuel des tissus de couleurs différentes situés juste à côté sur la même courtepointe est intact. Nous pouvons dire que cela a été notamment provoqué par le vice inhérent à la composition chimique de ce tissu, car la courtepointe a été, dans son intégralité, exposée aux mêmes agents de détérioration au fil du temps. »

La dernière fois, nous avons parlé des effets des contaminants sur les artéfacts. Mais il arrive que les contaminants ne soient pas des agents extérieurs : il peut en effet s’agir de produits chimiques venant de l’intérieur de l’artéfact. Dans certains cas, du fait des matériaux qui le composent ou de son mode de fabrication, l’objet est par nature chimiquement instable. Les restaurateurs appellent ce phénomène « vice inhérent » et c’est un des problèmes de conservation les plus difficiles à résoudre.

Rayonnement

MNB 1965.39. Armoire à casseroles en acajou et feuilles d’acajou, probablement britannique, 1800-1815. Appartenait au capitaine Allen Otty (1784-1859) et à sa femme Elizabeth (Eliza) Crookshank Otty (1798-1852), de Darlings Island, au Nouveau-Brunswick. Les surfaces de ce meuble ayant fait face à une fenêtre exposée au soleil pendant de nombreuses années ont considérablement pâli, alors que celles ayant été protégées du soleil ont conservé leur magnifique brun rouge d’origine.

ED2007.8. Corsage de cérémonie, v. 1900. Les étoffes de soie fabriquées au dix-neuvième siècle étaient parfois « lestées » de sels métalliques pour leur donner un meilleur « drapé » et d’autres qualités recherchées dans les vêtements de mode. Malheureusement, ce traitement chimique rend les fibres de soie naturellement sensibles à la lumière encore plus vulnérables aux dommages causés par la lumière avec le temps. L’exposition à la lumière a accéléré la détérioration du tissu, entraînant une perte quasi totale des fils de trame conduisant à une spectaculaire apparence déchirée.

MNB 12516.1. Globe terrestre Smith, anglais, v. 1850. Ce globe a été fabriqué avec du papier et du plâtre, puis enduit d’une couche de vernis qui devait protéger le papier, mais l’exposition à la lumière a irréversiblement jauni et obscurci le fini au fil des années.

La forme de rayonnement que nous connaissons le mieux est sans doute la lumière, autant la lumière visible que les rayons ultraviolets (ou UV), lesquels constituent une forme d’énergie supérieure, juste au-delà du spectre visible. Comme nous n’avons pas besoin des UV pour voir les couleurs, l’éclairage du musée et les matériaux d’encadrement utilisés sont généralement conçus pour éliminer ou filtrer les UV. En fait, tous les rayons lumineux endommagent les objets sur le plan moléculaire, ce qui entraîne une dégradation des matières organiques et un ternissement des couleurs. Les dommages causés par la lumière sont cumulatifs (ils augmentent avec le temps) et irréversibles. C’est pour cela que les objets les plus sensibles à la lumière doivent être exposés avec un minimum de lumière pendant de courtes périodes et que, le reste du temps, ils sont entreposés dans l’obscurité complète pour éviter le plus possible leur détérioration.

Températures inadéquates

« OB 74.1358. Couronne funéraire de la famille Seymour, 1875-1876. Vous vous souviendrez peut-être de notre série sur le traitement de restauration approfondi de cet objet, réalisé dans le laboratoire de conservation-restauration du MNB en 2019 avec le soutien de notre partenaire provincial, la Direction du patrimoine (ministère du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture) et du site historique patrimonial Bonar Law Common de Rexton, au Nouveau-Brunswick. Un grand nombre des fleurs en cire (à l’instar de celle illustrée ici) avaient fondu sur le support en mousse séchée, ce qui a déformé et exposé le tuteur en papier situé à l’intérieur de la fleur. La cire a un point de fonte relativement bas, ce qui fait qu’elle se dégrade facilement dans un environnement où la température est trop élevée. Vue détaillée de la fleur en cire fondue à droite, vue d’ensemble de l’objet à gauche.

Pour assurer leur préservation, les objets du Musée doivent être stockés et exposés dans des conditions ambiantes très strictes. La chaleur provoque des réactions chimiques responsables de nombreuses formes de dégradation. La plupart des matériaux se conservent mieux dans un environnement frais, et les plus fragiles (les premiers plastiques et certains spécimens biologiques) sont stockés réfrigérés au Musée. La réfrigération est couramment utilisée pour lutter contre les nuisibles à l’arrivée des matériaux dans nos locaux. Leur manipulation requiert cependant un soin particulier, car ils deviennent très cassants une fois réfrigérés. Il faut par ailleurs noter que les variations importantes sur de courtes périodes sont encore plus dommageables que les environnements trop chauds ou trop froids, car elles provoquent des dommages matériels.

Humidité relative inappropriée

Table de travail en acajou, en tilleul et en cèdre, datant de la fin du 19e siècle. On observe des fissures et des bulles sur la couche de placage à une extrémité du meuble. Ces détériorations ont probablement été causées par les différents taux de dilatation et de contraction des espèces de bois et aux fluctuations de l’humidité relative.

NBM 2005.16.24. Table en placage d’acajou et de bouleau d’origine canadienne, 1790-1800, provenant de la famille Pickett établie à Kingston et Oak Point, au Nouveau-Brunswick. Les incrustations de marqueterie peuvent se décoller et lever lorsque les conditions environnementales fluctuent. Les variations d’humidité relative agissent sur le bois qui se dilate et se contracte, mais aussi sur les colles d’origine animale retenant les incrustations qui se fragilisent et perdent leurs propriétés adhésives.

La dernière fois, nous avons discuté des effets d’une température inappropriée, mais un autre facteur relié de près à la température peut entraîner des problèmes encore plus graves : c’est l’humidité relative, une mesure exprimant en pourcentage la quantité d’humidité dans un volume d’air par rapport au maximum d’humidité pouvant demeurer dans l’air à une température donnée. La température et l’humidité relative sont inversement proportionnelles. Lorsque la température augmente, l’humidité relative diminue, et vice versa. Les milieux trop humides peuvent favoriser la reproduction des insectes, le développement de la moisissure, la corrosion des métaux et le gondolement du papier. L’humidité fait aussi couler les teintures, les encres et les peintures solubles. Par contre, les milieux trop secs peuvent entraîner des bris, car les matériaux deviennent moins souples et plus fragiles. À l’instar de la température, les fluctuations d’humidité relative sont plus néfastes qu’une humidité relative imparfaite, mais stable. Tous les matériaux se dilatent et se contractent sous l’effet de ces deux facteurs, ce qui cause des dommages et des détériorations.