Exposition en cours : Une exposition supervisée par Gary Hughes, conservateur – Histoire et technologie du Musée du Nouveau-Brunswick et célébrant le patrimoine architectural de Saint John.
La ville de Saint John telle que nous la connaissons de nos jours s’est construite à partir de 1783, alors que 15 000 Loyalistes américains, des réfugiés de la Révolution américaine, se sont présentés dans son port. Deux années plus tard, elle était constituée en corporation selon la charte de New York, d’où les réfugiés venaient. La jeune ville, favorablement située à l’embouchure du fleuve Saint-Jean qui serpentait dans les terres sur plus de 300 milles, s’est façonnée en trente ans comme un centre de transport maritime du bois d’œuvre qui a donné naissance à une autre industrie, celle de la construction navale.
Voilà pourquoi le bois s’est largement imposé dans la construction des habitations, pour la plupart construites sur deux étages et demi avec toit en pente dans le style colonial qui se voyait souvent à Long Island, au New Jersey et à New York, qui a influencé le positionnement des fenêtres de l’étage contre la ligne de toiture. Quelques gens bien nantis ont préféré le toit à quatre versants, aussi appelé toit en croupe, ou le comble en mansarde qui se voyait aussi. Après la guerre de 1812, un autre élément a marqué l’architecture. En effet, l’immigration britannique, surtout les Écossais, privilégiait la construction en pierre plutôt qu’en bois. John Cunningham, son adepte le plus influent, a conçu deux villas néoclassiques, une maison citadine et un palais de justice pendant la période allant de la fin de la décennie 1810 au début des années 1820. Avant son départ pour Boston, au milieu du siècle, Cunningham s’est aventuré dans le gothique victorien naissant et son successeur dans tous les sens du terme, Matthew Stead, qui était d’origine anglaise, a poursuivi cette tendance. Dans le domaine de la construction privée, Stead avait aussi un penchant pour l’arche pointue de l’architecture gothique et pour le style italianisant, mais là encore, l’influence américaine a joué un rôle, en particulier dans les conceptions du théoricien et auteur Andrew Jackson Downing. Habituellement, c’était plutôt la construction d’églises qui exerçait une influence britannique, en particulier le mouvement néogothique anglican du 14e siècle, à partir du milieu du siècle et au-delà. Stead a pratiqué l’architecture dans ces deux styles et, plus tard, les styles dominants de l’apogée victorienne, le Second Empire et l’italianisant commercial.
Le grand incendie du 20 juin 1877 a détruit les deux tiers de la ville qui a été reconstruite par une armée d’architectes venus en grand nombre du sud de la frontière, mais aussi de Saint John même qui avaient fait leurs preuves en conception de bâtiments depuis les années 1860. Ils étaient en forte concurrence pour obtenir des commandes dans un milieu qui s’est tourné vers la brique et la pierre pour en faire un vaste étalage dans le cœur de la ville et le quartier sud. Les styles Queen Anne et roman dominaient à la fin du 19e siècle et encore au début du 20e alors que les premiers signes du modernisme faisaient leur apparition. En 1911, dans le cas d’un projet d’hôtel de ville, les étages se superposaient sous une ligne de toiture et des tours revêtues alternativement dans le style gothique et Second Empire. Ces revêtements historiques ont fini par disparaître au cours du siècle.
Cette exposition a bénéficié du soutien financier de l’Association des architectes du Nouveau-Brunswick et de l’Institut royal d’architecture du Canada.