Cabinets de curiosités – Réflexions sur les crustacés et mollusques

À titre d’établissement muséal provincial, le Musée du Nouveau-Brunswick s’associe à des établissements et des communautés pour collectionner, préserver, étudier et interpréter le matériel en vue de favoriser la compréhension et l’appréciation du Nouveau-Brunswick, autant chez nous qu’ailleurs dans le monde. Une de ces initiatives reproduit le concept des Cabinets de curiosités présenté jusqu’au 29 novembre 2015 à la galerie d’art Owens de Sackville (N.-B.). On y présente une sélection d’œuvres d’arts, d’exemples des arts décoratifs et de spécimens scientifiques provenant de la collection du Musée du Nouveau-Brunswick qui viennent compléter les objets provenant de la collection de l’Université Mount Allison. L’art et la science s’y rejoignent sous des thèmes communs mettant en évidence les fascinantes relations entre ces deux disciplines.

L’apport du Musée du Nouveau-Brunswick à cette exposition relevait de la responsabilité de Peter Larocque, conservateur – Art et histoire culturelle du Nouveau-Brunswick, et il nous explique que son inspiration est venue d’une petite gouache de Jack Weldon Humphrey intitulée Crustaceans provenant de la collection du Musée du Nouveau-Brunswick. « Dans sa relation modeste avec l’abstraction, elle a des formes et couleurs qui suggèrent des créatures – crustacés et mollusques – résidant dans les myriades de niches des rivages limitrophes du territoire pictural maritime de Humphrey. Par tradition, les conventions de diverses formules de symbolisme font en sorte d’illustrer les attributs de ténacité, de protection, de fertilité et de résurrection qu’on associe aux animaux aquatiques représentés. Certains pourraient prétendre que ces caractéristiques forment aussi un cadre où s’insère la conception des musées eux-mêmes ainsi que les attentes émanant de leurs objectifs premiers, soit la préservation, la présentation et l’interprétation. Ce tableau trouve alors son sens dans la relation entre la diversité des artéfacts et des spécimens trouvés dans les collections du Musée du Nouveau-Brunswick et le rôle de dépositaire d’information matérielle, de fabricant de culture et de lieu d’échange de points de vue que cette institution peut jouer. »

1
Jack Weldon Humphrey (Canadien, 1901-1967)
Crustaceans, 1952-1953
Pinceau, encre noire et gouache sur papier vélin
Support : 24,9 x 32,4 cm
Don de Lawren Phillips Harris, 1987 (1987.21)

« Les objets choisis pour cette exposition témoignent de l’inspiration durable puisée dans le monde naturel par les styles et coutumes des beaux-arts et des arts décoratifs, ajoute Peter Larocque. Un large éventail de moyens nous permet de le constater; soit l’imitation de formes naturelles par les objets, soit l’intégration de créatures elles-mêmes (ou de parties ou sections de celles-ci) dans un artéfact, soit la transformation d’objets naturels par la main humaine. »

2
Belleek Pottery Company (Irlande, fondée en 1858)
Service à thé en porcelaine Neptune 1955‑1965
Hors tout : 14,5 x 22,5 cm [théière], 6 x 10 cm (sucrier), 8,2 x 11,5 cm (crémier)
Don de Frances Meltzer Geltman, 1995 (1995.46.4.1-3)

Le service à thé ci-dessus dénote bien la fascination persistante par les formes naturelles et la virtuosité technique. Sous le thème de Neptune, le motif de ces pièces rappelle à l’observateur la mythologie classique et évoque une association avec la mer.

3
NBMG 3636
Phylum Mollusca, classe des céphalopodes
ammonite
Hors tout : 13 x 12,4 x 4 cm
Provenance inconnue
Donateur et date inconnus
De la collection de la Société d’histoire naturelle du Nouveau-Brunswick

La coquille en spirale des ammonites fossiles se voit couramment dans les roches du Jurassique et du Crétacé. Le Nouveau-Brunswick compte peu de fossiles de cette division géochronologique, mais la collection du Musée du Nouveau-Brunswick comprend quelques spécimens d’ammonites, la plupart donnés par des membres de la Société d’histoire naturelle du Nouveau-Brunswick au XIXe siècle.

« Certains objets ont été choisis pour leur valeur esthétique, d’autres pour faire réfléchir à leur fonction, explique M. Larocque. Ces spécimens et objets sont réunis pour consigner le passage du temps. Ils témoignent de millénaires anciens, évoquent la mythologie classique et illustrent notre utilisation évidente des ressources naturelles. Cette combinaison représentative d’articles attire l’attention non seulement sur leur apparence intrinsèque, mais aussi sur leur fragilité. Les avoir réunis sous-entend qu’un lieu est nécessaire pour pouvoir les examiner et les observer de près. Voilà une belle façon de concevoir le rôle d’un musée. »

4
Fabricant inconnu (Barbade)
Valentin de marin, v. 1830-1880
bois de cedro, papier, nappe ouatée et verre
25,4 x 49,6 cm
Don de Frederick G. Godard, (7085)

Fabriqués à partir du début du XIXe siècle et louangés pour leur délicatesse et leur sensibilité, les valentins de marins sont associés à la séparation et à l’incertitude des voyages en mer. Produits dans les Antilles, à la Barbade en particulier, ces souvenirs étaient achetés par des marins de passage pour exprimer leur affection à leur petite amie et à un être cher.

5
Mme Lolar (Passamaquoddy)

Panier en forme d’oursin, v. 1908
Éclisses de frêne teintes et tissées avec foin d’odeur
Hors tout : 9 x 21 x 21 cm
Don de Mme H.R. Wilson, 1909 (5197.2)

Tressé à partir des plus fines éclisses de frêne et de foin d’odeur, ce panier est un bel exemple des connaissances de la mer acquises par la Première Nation Passamaquoddy dans son territoire traditionnel bordant la côte nord de la baie de Fundy. Il reprend la forme de l’oursin vert, abondant dans son habitat formé par la zone intertidale du rivage rocailleux.

6
Fabricant inconnu (japonais)

Cadeau présenté pour commémorer une contribution à la construction d’une église, comté d’Umikami, province de Chiba, Japon, avant le 23 novembre 1925
Coquillage sculpté
Hors tout : 19 x 22 x 2 cm
De la collection Loretta L. Shaw, 1939 (32622)

La surface de ce coquillage se prête bien à l’expression artistique. Sa forme naturelle est respectée et rehaussée par l’ajout du koï subtilement sculpté suivant les couches et les reflets naturels de la nacre. L’association de la représentativité et de la matière dénote la persévérance et la force, un cadeau convenant bien à un missionnaire canadien résolu à transmettre un savoir occidental au Japon.